Mon cher Francis,
Ta famille, les porte-drapeaux, tes camarades du monde combattant, tous ceux qui t’ont connu et apprécié au cours de ton existence si riche, sont tous réunis en cette église de Saint Médard en Jalles, pour te dire adieu.
En tant que Président du Comité d’Entente du Taillan-Médoc, et vice président de la section du Taillan-Médoc de l’Union Nationale des Combattants, je me devais de te rendre ce dernier hommage, toi qui m’a tant appris, et qui m’a guidé avec bienveillance dans ces nouvelles fonctions.
Hommage pour le soldat que tu as été en Afrique du Nord, mais également pour le fier représentant de la mémoire des anciens combattants, et pour le grand serviteur de l’État qui a tant marqué la vie locale.
Mes pensées vont d’abord à ton épouse Jocelyne, à tes enfants et petits-enfants, à qui je tiens à exprimer sa sympathie et ma compassion.
Comme vous, nous sommes fiers du dévouement, de l’implication et la foi profonde qui guida la vie de Francis.
Francis, après avoir décroché à 18 ans, ton Brevet de Technicien Agricole au Lycée Agricole de Blanquefort, tu a obtenu le prix de solfège et d’instrument au conservatoire de musique de Bordeaux; ce qui t’a permis d’être musicien indépendant jusqu’à ton départ sous les drapeaux, en Afrique du Nord.
Pendant près de trois années en Tunisie et en Algérie, tu participes à de nombreuses missions dans le domaine de la recherche du renseignement, notamment avec la Légion Etrangère, et tu es confronté à un nombre important d’actions de feu.
Profondément marqué par ces années, et voulant oeuvrer pour la mémoire combattante, tu adhères à la section UNC du Taillan-Médoc, en mai 1960 où tu t’y investis avec détermination et conviction.
En juillet 1974, tu réalises la fusion des différentes sections de l’UNC du Taillan-Médoc, et tu es élu à l’unanimité président de la section unique. Tu as tenu cette fonction jusqu’à ton brutal décès ; durant ses quarante cinq années, tu as fait preuve d’un engagement sans failles devenant une figure emblématique du Taillan-Médoc.
Poursuivant ton investissement pour la transmission et le souvenir, tu rejoins le conseil d’administration de l’UNC Gironde, puis tu prends le poste, à compter de 1977, de secrétaire général départemental.
Bourreau de travail, dans ces fonctions que tu occupes tout en menant de pair tes activités professionnelles et des actions bénévoles, tu fais rapidement autorité par ton jugement toujours sûr et ta vision toujours juste de la transmission des valeurs du monde combattant, aux jeunes générations.
Ton aura auprès de la population et ton sens élevé du service et de l’intérêt général t’ont amené naturellement à la Mairie du Taillan-Médoc. Conseiller municipal tout d’abord, puis adjoint au Maire de 1995 à 2001.
Pour tout cela, mon cher Francis, tu laisseras le souvenir d’un homme multiple, d’une probité sans faille et d’une conviction inébranlable. Un exemple pour nous tous.
L’institution ne s’y est pas trompé, comme l’a rappelé Joël, en te faisant Chevalier de l’Ordre National du Mérite. Cette décoration viendra orner ta poitrine avec toutes tes autres acquises au feu.
Ce « placard » comme tu disais, impressionnait toujours les jeunes et les moins jeunes, lors de nos cérémonies patriotiques, que tu as toujours honorées de ta présence.
Aujourd’hui, ton « cher drapeau » a tenu à honorer le noble soldat que tu as été. Que son drap te couvre une dernière fois, afin qu’il te rende tout l’amour que tu lui as porté tout au long de ta vie.
Mon cher Francis, toi mon papa du monde combattant, avec qui je partageais mes colères et mes passions, toi qui comme moi était issu de l’immigration et qui, fruit d’une intégration parfaitement réussie, vénérait notre pays et notre drapeau, et ne supportait pas les voir bafouer, en te disant adieu au milieu de tes camarades qui partagent mon émotion, je veux dire, devant tes proches, le profond respect que m’inspire ton parcours.
Au nom de l’ensemble des anciens combattants, je m’incline devant toi , devant l’exemple que tu nous laisses.
Et nous te t’oublierons pas.
Sache que je suis très fier que tu m’aies choisi pour prendre ta relève
Repose en paix mon cher camarade; tu vas nous manquer.