Discours du 23 août 2024 en mémoire des Tirailleurs Sénégalais
Nécropole du Natus à La Teste de Buch
J. LE CLOITRE
Pdt UNC de la Gironde
Mesdames et messieurs, mes chers amis
Ce qui nous réunit aujourd’hui, vous le savez tous, c’est l’hommage qu’il nous revient de rendre à ces soldats d’Afrique qui ont combattu dans les armées françaises, qui ont combattu pour la France et, pour nombre d’entre eux, sont morts en son nom. C’est un hommage fort et singulier, c’est à dire pour eux seulement et pour eux vraiment, que nous entendons porter à ceux que les chroniques, ont placé sous le nom titre de «tirailleurs sénégalais». Quelles que soient leurs terres natales: Sénégal, Mali, Burkina Fasso, Guinée, Bénin, Côte d’Ivoire, Mauritanie, Niger, tous furent ainsi des tirailleurs sénégalais.
Quels que soient les champs de batailles, quelles que soient les causes pour lesquelles la France les a requis, leur engagement, leur bravoure parfois tenue pour férocité par leurs adversaires, leur ont aussi acquis, dans ces temps anciens le nom glorieux de «force noire». Durant le cours de la première Guerre Mondiale, de 1914 à 1918, 160.000 hommes venus des colonies françaises ont combattu sous le drapeau français et près de 30.000 d’entre eux y sont morts. Et durant la seconde guerre mondiale, à nouveau, les troupes africaines seront présentes dans les armées de la France libre, dans les Bataillons de marche, dans le régiment de tirailleurs sénégalais du Tchad de la colonne Leclerc par exemple. Cette constance de la présence des soldats d’Afrique dans l’armée française illustre, éclaire ou interroge sur le lien profond qui s’est établi entre ces hommes et la République.
Alors, nous ne pourrons ni dire, ni figurer jamais la violence et l’horreur des combats. Nous ne pourrons imaginer, nous ne pourrons voir la ligne d’horizon du Chemin des dames comme la virent tous les combattants, comme l’on découverte les soldats d’Afrique lors de leur montée en ligne. L'histoire de ces aînés, leurs histoires sont liées de manière indissoluble à l'histoire de notre pays dans laquelle prend sa place et s’incorpore leur engagement et leur sacrifice.
Si la France a pu parfois manquer de reconnaissance ou tarder à la témoigner, il est non moins vrai que les autorités de l’Etat se sont depuis lors engagées pour manifester l’estime et le respect dus à ceux qui s’engagent pour la France.
Puisse le souvenir de ces hommes rejoindre aux bords lointains de la mémoire celui de leurs compagnons d’armes que nous honorons toujours en ces lieux. Ils rejoindront ainsi dans notre histoire commune ceux dont ils ont partagé le sort par une fraternité d’armes et d’épreuves qui put et dut exister entre eux dans la dureté des combats.
Vous constaterez, avec moi, que ce n’est pas dans le temps d’un discours que l’on pourra cerner les contours de l’histoire des tirailleurs, aussi je voudrais pour conclure et me tournant vers vous, monsieur le consul général, représentant les autorités sénégalaises, reprendre ces mots d’un ancien ministre sénégalais des forces armées qui lors d’un hommage aux Tirailleurs Sénégalais prononçait ces paroles:
« Le sacrifice et la contribution substantielle de nos populations à l’effort de guerre pendant la première et la deuxième guerre mondiale n’ont pas encore été suffisamment appréhendés à leur juste valeur.
Nous ne devons ménager aucun effort pour vivifier le devoir de mémoire et assurer sa transmission aux générations futures.
Les jeunesses africaines doivent se montrer dignes et fières de ces devanciers et, avec les jeunesses du monde entier, retenir comme leçon de vie que :
Si la guerre divise les peuples pour un temps,
L’histoire doit pouvoir les rapprocher pour toujours.
Et nos tirailleurs pourront alors reposer en paix, parce que la postérité reconnaîtra la valeur de leur contribution à l’avènement d’un monde libre et apaisé. »
Gloire et immortalité aux Tirailleurs Sénégalais »
Vive l’amitié franco-sénégalaise !
